Ce travail vise à étudier l’évolution des mobilisations sociales contre les « marées vertes » dans le département des Côtes d’Armor sur la période 2010-2024, et en particulier à expliquer l’apparent reflux des mobilisations sur cette période par rapport à la décennie 2010.
A partir de dix entretiens semi-directifs menés avec des membres d’organisations environnementales, cette étude montre que le recul des mobilisations est lié à une baisse de la visibilité sociale primaire (perception des algues et des nuisances) et secondaire (perception des algues en tant que problème public) des algues vertes. Plusieurs facteurs contribuent à cette moindre visibilité sociale : les politiques publiques de prévention et de ramassage ; l’habituation des riverains à la présence des algues ; la lassitude des acteurs face à la faible efficacité des politiques publiques ; la crispation des rapports sociaux et politiques locaux entre « écologistes » et « monde agricole » ; la fermeture de la structure des opportunités politiques ; des organisations environnementales qui peinent à se renouveler, à mener une action efficace et à surmonter les conflits internes.
A travers le problème public des « marées vertes », cette étude permet d’objectiver les transformations de l’espace des organisations environnementales. On distingue ainsi un « pole institutionnel » en voie de structuration et un « pole autonome » qui se renouvelle en s’orientant vers d’autres objets de lutte, cadrages, formes organisationnelles et répertoires d’action. Par delà ses différences et divergences internes, l’espace des organisations environnementales reste toutefois marqué par une certaine homogénéité à la fois dans sa composition sociale et dans sa dépendance structurelle au champ de l’action public qui définit les cadrages dominants, l’agenda et les modes d’action légitimes.